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Manuela Paul-Cavallier

C’est au coeur du VIème arrondissement à Paris que se niche l’atelier de Manuela Paul-Cavallier… Entre ombre et lumière, à l‘abri des regards de la rue, une petite capsule de création renferme les objets qui inspirent l’artiste… Cadres anciens, Bouddhas en ébène, petits miroirs qui morcellent la réalité, plumes de paon, ou encore vanités revisitées. Pourtant, tout n’est pas là, visible et palpable… Il y a l’inspiration émotionnelle secrète, confiée à mi-voix… Celle des chocs artistiques, comme les images de Florence où elle a étudié les techniques anciennes et les nuances raffinées des pigments naturels, les peintures de Rothko à la Tate Gallery, les toiles d’Hokusai, ineffables… Tels une malle aux trésors, les objets racontent l’itinéraire d’une jeune femme discrète dont le savoir-faire unique n’est autre que la conjugaison subtile de l’artisanat, de l’art et des feuilles d’or.

La dorure n’est autre qu’une invitation à la lumière et les contrastes éphémères qu’elle crée révèlent les matières brutes. Utilisant des méthodes de restauration anciennes, conjuguant mille secrets d’alchimiste, Manuela Paul-Cavallier met en scène la lumière, faisant la part belle à la matière, renouvelant le regard et invitant l’émotion dans chacune de ses créations.

«J’aime l’impression, l’émotion des équilibres, du mouvement, les sensations que font naitre les zones d’ombre, la profondeur parfois insondable du noir, seulement rompu par la feuille d’or ou un contraste de mat et de brillance. La lumière se détache des ténèbres. L’équilibre de l’ombre et de la lumière, leurs complémentarités ou leurs oppositions, ces mouvements que la matière reçoit et restitue à celui qui la parcourt du regard. Même les figures d’apparence statique impriment le mouvement de leur relation dans l’espace. »

On comprend soudain que les créations se touchent des yeux, dans une démarche interactive tant l’artiste donne corps à la matière et place le volume au coeur de sa peinture… Les fissures du bois, latences du monde, témoignent d’une histoire chaque fois inédite et scellée pour toujours…  D’ombre et d’or, les feuilles se déposent sur les objets pour mieux en révéler la beauté et la force… Le bois ainsi associé, souligne ses nervures faisant éclater la vie qui est en lui…

Les formats croisent les cercles infinis… Ils jouent du mat et du brillant, trouvant un équilibre recherché dans la dynamique qui les porte. L’artiste passe du noir profond au blanc, aux pigments de couleurs, et aux courbes sensuelles d’une figure ovoïde, proposant les facettes multiples de sa lecture du monde. Le spectateur peu à peu, s’approprie l’oeuvre qui interpelle quelque chose en lui, l’ébauche d’un dialogue entre la matière et soi-même. Pour l’artiste, cette aventure commence dans le travail très complet de la préparation des pigments, comme un immense dialogue avec les éléments, une construction sensuelle avec la matière.

Ici, dans cet atelier, chaque objet a conquis sa place et le droit de faire partie de son monde intérieur… Entrer quelques instants dans ce monde là est aussi l’une des plus jolies découvertes… Parce que l’on n’en ressort pas intact, mais bouleversé par le concentré d’émotions que constitue les œuvres.
Tout ici semble prendre du sens, comme une sorte d’aparté artistique qui nous invite à une intimité nouvelle… Sans doute un pur moment de révélation que l’on souhaiterait faire durer et emporter chez soi…

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